Participants :
- Morvan Boury (EMI Music)
- Tristan Jurgensen (Mediapanel – groupe RTL)
- Julien Pauchet (Radio France)
La conférence tenue le 12 décembre 2007 à l’ESCP-EAP avait pour thème l’impact du numérique sur les stratégies des maisons de disque et des radios. La question était donc de comprendre quel produit musical nous sera proposé demain : quelle forme prendra-t-il ? Comment sera-t-il diffusé ? Quel sera le modèle économique associé aux évolutions actuelles ?
Quelques tendances
Sur l’année 2007, quelques grandes tendances semblent se confirmer : éclosion de la dance music, érosion de la radio musicale au profit de la radio parlée, notamment concernant les populations jeunes, et des sources différenciées de recherche de nouveautés. Sur ce dernier point, la diversification des récepteurs radio, notamment Internet, permettent de nouvelles expériences musicales et la recherche de nouveautés en dehors des circuits radiophoniques traditionnels.
Le broadcast traditionnel menacé ?
Les nouvelles façons d’écouter de la musique (Internet et sites communautaires, podcast, lecteurs MP3, …) sont autant de menaces potentielles pour le média radio. Cependant le média va bien, malgré une érosion sur les moins de 25 ans. Le phénomène de concentration n’est pas plus important aujourd’hui qu’il y 4 ans.
Le salut pour les radios vient assurément d’une offre thématisée et identifiée, et surtout de leur rôle de prescripteur. En effet, un lecteur MP3 permet de personnaliser la musique qu’on a envie d’écouter au quotidien, musique déjà connue et familière le plus souvent. Par contre, la recherche de nouveaux titres devient finalement de plus en plus délicate : les auditeurs ont tellement de choix, notamment sur les sites communautaires, que ce choix peut les désorienter. Ils ont alors besoin d’un média prescripteur en lequel ils ont confiance, une marque forte dont les professionnels vont eux même faire une première sélection parmi les titres arrivant sur le marché.
La « RNT », radio de demain
La radio numérique va voir le jour dans les mois à venir. Les enjeux de ce nouveau mode de diffusion se situent principalement au niveau
des nouveaux terminaux permettant d’écouter la radio numérique
des fonctionnalités (écoute différée, mémoire flash…)
d’un univers concurrentiel plus large, y compris entre réseaux.
Ce nouveau mode de diffusion implique une modification profonde du modèle économique sur lequel les radios et maisons de disque s’appuyaient jusqu’à aujourd’hui.
Vers un nouveau modèle économique
Il est nécessaire de considérer plusieurs nouvelles contraintes, au moment de réfléchir à un nouveau modèle économique pour la diffusion radiophonique de la musique :
Le nouveau paysage concurrentiel dans le secteur : en effet, doit-on considérer les autres acteurs comme des alliés, ou des menaces ?
Les contraintes liées aux modes de diffusion de la musique : la radio analogique peut actuellement supporter un nombre d’auditeurs illimité à coût constant ; cela n’est pas le cas des radios sur Internet. Le numérique serait peut être une solution à ce problème. Pour des radios comme RTL ou Radio France, la webradio ne se justifie pour le moment que si elle propose un produit innovant à l’auditeur (ex. : RTL + L’Equipe).
Les contraintes de financement : il ne sera probablement pas aisé de financer la radio numérique alors que le gâteau publicitaire reste le même, et a même tendance à s’éroder (ouverture des marchés interdits, récession du marché publicitaire). Cela sera non seulement difficile pour les radios existantes, mais va également constituer une barrière majeure pour les nouveaux entrants.
Le rapport Olivennes amène les acteurs du secteurs à réfléchir plus largement à de nouvelles offres packagées musique + internet. On pourrait imaginer que demain chacun aurait le choix entre plusieurs « bouquets » numériques, tout comme cela existe en télévision : un bouquet Internet seul, Internet EMI Music, Internet Universal, etc.
Véronique Forestier (06)
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